Jeudi 8 mai 2025. De la place Gabriel-Péri s’élèvent les voix juvéniles des écoliers du Pont-du-Las et de Jacques-Yves Cousteau, des collégiens de Pierre-Puget, des lycéens de Bonaparte, des cadets de la Défense ou des jeunes en service national universel (SNU). À l’unisson, ils entonnent la Marseillaise, accompagnés par la Musique de la Marine nationale. L’hymne national vient clôturer les commémorations de la victoire du 8 mai 1945. Une cérémonie protocolaire où les jeunes toulonnais ont la part belle. Lecture de différents textes comme l’ordre du jour du général de Lattre de Tassigny ou celui du général de Gaulle annonçant la capitulation de l’Allemagne nazie, mais aussi dépôt de gerbes avec les officiels. Leur présence souligne l’indispensable devoir de transmission. Car c’est à eux que reviendra, d’ici quelques années, la responsabilité de faire vivre le devoir de mémoire. La première magistrate a quant, à elle choisie de mettre à l’honneur les résistantes toulonnaises en donnant lecture du discours prononcé à Chartres le 10 mai 1975 par André Malraux, ancien résistant et ancien ministre de la Culture.
La cérémonie avait débuté plus tôt dans la matinée sur la place d’Armes où étaient présentés au grand public des véhicules militaires anciens des associations Août 44, Provence 44 et Mémoire Bormes 44. Josée Massi, maire de Toulon accompagnée par Philippe Mahé, préfet du Var et le vice-amiral d’escadre Christophe Lucas, préfet maritime de la Méditerranée a salué l’ensemble des bénévoles, habillés en costumes d’époque pour l’occasion. Puis le cortège composé des autorités civiles et militaires a pris la direction du Monument aux morts, s’arrêtant devant le commissariat puis à l’angle du boulevard maréchal Leclerc et de l’avenue Vauban pour honorer la mémoire de Jean Moulin et de Jean de Lattre de Tassigny, l’homme du Débarquement de Provence et qui, comme le montre les photos d’époque exposées sur les grilles du jardin Alexandre Ier avait assisté, le 25 août 1945, aux célébrations liées au premier anniversaire de la libération de la capitale du Var. Réalisée par les Archives municipales, cette exposition composée de photos provenant du fonds de collection « Librairie Montbarbon » sera visible jusqu’au 31 août. Depuis son appartement donnant sur le boulevard de Strasbourg, le commerçant a immortalisé le défilé des troupes ayant contribuer à repousser les Allemands hors de la Rade de Toulon.

Les « Héritiers du temps », un ouvrage dans toutes les écoles élémentaires

De la Libération mais aussi des bombardements qu’a subi la ville, il en est question dans l’ouvrage « Les Héritiers du Temps » écrit par le conseiller municipal Guy Raynaud. Pour conserver la parole des derniers Toulonnais à avoir connu la Seconde Guerre mondiale, Josée Massi a confié à l’élu en charge des Archives le soin de collecter et de retranscrire au travers de personnages fictifs et d’un dialogue entre une petite fille et son arrière-grand-mère les petites histoires de la Grande Histoire vécues par quatre résidents de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) La Ressence. Privation, tickets de rationnement, éjection d’un pilote américain, sabordage de la flotte : autant de témoignages portant sur leur quotidien d’enfants sous l’Occupation.
Le livre, qui a été remis aux 43 écoles élémentaires, a trouvé un écho tout particulier auprès des CM2 du Pont-du-Las et de Jacques-Yves Cousteau. Pendant plusieurs mois, ces enfants ont planché sur ce conflit. Tous ont été marqués par la faim ou les séparations familiales. Leur ressenti, ils l’ont exprimé à la fois dans une vidéo disponible à la fois sur les sites internet de la Ville et du réseau des médiathèques, et lors de la présentation du fruit de leur réflexion ce mardi 6 mai à la médiathèque Chalucet. Au premier rang, Lucie Guiol, Robert Orcier et Marie Mazzoni, guère plus âgés que Gianni, Séléna ou Ismaël en 1942. « Le livre raconte des faits encore plus choquants que ce que l’on apprend à l’école. Parfois, on pense que c’est exagéré mais là, on sait que c’est vrai, explique Séléna. Notre devoir, c’est de garder leurs témoignages et de les écouter maintenant car bientôt on ne pourra plus le faire ».
La première partie des « Héritiers du Temps » a été adaptée en vidéo. Illustrations animées, images d’archives et vocabulaire 2.0 : une version adaptée à l’air du temps pour que tous puissent s’emparer de l’opuscule et de l’Histoire. Car, comme le dit Sarah : « On est les héritiers du temps. On va pouvoir raconter ça à d’autres élèves ou enfants quand on sera plus grands ! »