(Toulon 1729 – Naples 1799)

Pierre-Jacques Volaire

Eruption du Vésuve, 1785

Huile sur toile, 99 x 65 cm

Achat, 1985

Inv. 985.8.110

 

Pierre-Jacques Volaire, dit également le « Chevalier Volaire »,  est issu d’une famille d’artistes toulonnaise. En 1754, il devient le collaborateur de Joseph Vernet (1714-1789) pour la réalisation de la série des Ports de France, commandée par le roi Louis XV. A la suite de cette collaboration, qui dure huit ans, Volaire retourne à Toulon en 1763 pour faire carrière. Sur les recommandations de Vernet, il entreprend un voyage à Rome l’année suivante.

Initié au XVIIe siècle, le voyage en Italie pour les artistes, dont Rome est la destination privilégiée,  est jugé indispensable à la formation des artistes. Au XVIIIe siècle, il se généralise grâce à la mode dite du  « Grand Tour ». Ainsi, collectionneurs, élites européennes, écrivains et artistes sillonnent le pays pour parfaire leur éducation.

Lors de son séjour à Rome, Volaire réalise des marines, sous l’influence de Vernet. En 1767, il part pour Naples et s’y établit définitivement. La capitale de la Campanie est considérée pour les artistes comme le point culminant de leur « Grand Tour » ; sa visite est fortement recommandée aux pensionnaires de l’Académie de France Rome afin d’étendre leurs connaissances. Cet attrait est renforcé par deux évènements principaux. D’une part, la découverte des sites archéologiques d’Herculanum et de Pompei. D’autre part, les nombreuses éruptions volcaniques du Vésuve qui ont lieu au cours du XVIIIe siècle. La représentation de ce phénomène devient un sujet très apprécié par les peintres qui s’intéressent de plus en plus à la nature passant du concept de beau idéal à celui de sublime (manifestation des peurs de l’homme face à une nature grandiose et déchaînée).  Et l’année de son arrivée à Naples, le volcan entre en éruption effusivo-explosive, d’autres suivront. Les représentations de ces évènements, dans le goût retrouvé d’un récit de Pline, feront la joie des collectionneurs de notre artiste. Il exploite largement ce motif, qui occupe une place importante dans son œuvre. Il devient ainsi le peintre spécialiste des éruptions du Vésuve,. A travers ce thème, il s’émancipe du style de Vernet, utilisant une palette plus chaude et plus vivante et jouant sur les contrastes, les jeux de lumière et les mises en scènes théâtrales. S’il reprend le même sujet, chacune de ses œuvres diffère dans les formats, points de vue et détails (groupes de personnages, bateaux…). Pour illustrer cet évènement, Volaire utilise habituellement le format des « vedutes » italiennes (vues panoramiques d’un paysage urbain ou naturel), très apprécié par les voyageurs du « Grand Tour », sa principale clientèle, qui les ramène comme souvenirs de voyage.

Si les «  vedutes » permettent à Volaire de multiplier les scènes descriptives (éruption, marine, clair de lune, panique, fuite, émerveillement…), pour l’œuvre conservée au Musée d’Art de Toulon, il choisit d’utiliser le format vertical. Grâce à lui, l’artiste montre toute l’ampleur de l’éruption, qui écrase le village en bord de mer, et insiste sur la petitesse des personnages au premier plan. Certains sont d’ailleurs terrifiés tandis que d’autres, richement habillés (voyageurs curieux), ont la mine réjouie et admirent le spectacle de loin, à l’abri sur le rivage ou dans la barque. Dans ses compositions, Volaire intègre des éléments du pré-romantisme. En représentant un paysage nocturne, il donne ainsi à cet évènement à la fois un aspect inquiétant et fascinant. L’obscurité de la nuit ainsi que la fumée noire, qui envahit le ciel, contrastent avec les couleurs chaudes de la lave en éruption. De cette œuvre, se dégage un sentiment de puissance des éléments déchaînés, face à l’homme qui est bien peu de chose dans ce chaos.

Lucie BARBIER - Assistante de conservation du patrimoine

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