(Toulon 1810 – id. 1893)

Vincent COURDOUAN

La Vallée des Angoisses, 1857
80,5 x 64 cm
Huile sur bois
Achat, 1859
Inv. : 956. 33. 1

Vincent Courdouan est un peintre paysagiste chef de file de l’Ecole Toulonnaise à la fin du XIXe siècle. Académicien du Var, professeur à l’Ecole de la Marine de Toulon, directeur du Musée de Toulon, félibre convaincu, il reste un des grands maîtres du paysage provençal, plusieurs fois récompensé pour ses envois au Salon à Paris (médaille d’or en 1848). Courdouan fera également le voyage en Algérie et en Egypte. Il est à ce titre un des orientalistes fameux de notre région.

L’amitié qui lie Vincent Courdouan au Président du tribunal de Toulon Victor Clappier (Moustier 1804 – Aix-en-Provence 1877) est à l’origine de cette toile célèbre de l’artiste. Le célèbre magistrat sera aussi député du Var, Président de la Cour d’Appel d’Aix et Conseiller Général du Canton de Moustier-Sainte-Marie, dont il est originaire. C’est dans ces paysages grandioses des gorges du Verdon, qu’il reçoit plusieurs fois le peintre Toulonnais à partir de 1853. Le site devient vite une source d’inspiration. Plusieurs œuvres titrées Vallée des Angoisses montrent l’intérêt de Courdouan à traiter les mêmes sujets sous des éclairages différents. Ainsi, un fusain de 1844, une huile sur bois de 1857 et une huile sur toile de 1887 sont conservées au Musée de Toulon. Les tableaux sont exécutés en ateliers d’après une série d’études préparatoires au crayon, réalisées sur le motif, en plein air. « Il croit à un idéal de beauté servi par le souci de l’exécution, la primauté du dessin, l’équilibre de la composition. Un art d’harmonie et de clarté, qui, sans exclure le lyrisme, se fonde sur une observation scrupuleuse » (Jean Roger Soubiran). Et, si nous avons pu évoquer dans une notice précédente la vision édénique de certains paysages du maître provençal, il est nécessaire de rappeler la variété de son talent et de sa maitrise du genre. Ici, Courdouan met en scène les éléments d’un paysage romantique : gorge profonde et escarpée, torrent violent, arbres brisés, ciel orageux, hommes perdus dans une nature qui les domine. On est loin de la Provence idyllique et solaire que l’on retrouve quand il peint les rivages méditerranéens. Mais avec Courdouan, le drame bascule vers un naturalisme qui se retrouve tout au long de sa carrière et qui fera l’admiration de Frédéric Mistral. « C’est la Vallée des Angoisses, sombre et terrible composition empruntée à la nature des Basses-Alpes. Le cœur se serre d’épouvante à l’aspect de ces roches nues, aux grandes fentes verticales, révélant ces effroyables commotions du globe, où les montagnes se déchiraient avec d’horribles fracas, par le gigantesque effort d’un vaste soulèvement volcanique.» (Léon Bleynie, « l’exposition de la Société Artistique de Toulon », Le Toulonnais, 20 décembre 1858)

Brigitte Gaillard – Conservateur en chef des musées de Toulon

Contacts